" It's the key
film in my life and career. It deals with my vision of desire,
something that's both very hard and very human. By this I mean the
absolute necessity of being desired and the fact that in the
interplay of desires it's rare that two desires meet and correspond"
Dans la loi du
désir, Almodovar traite de sujets qui lui sont chers : les
interdits sociaux liés à la sexualité hors-norme et le désir de
possession dans les relations de couple. L'histoire se construit
autour d'un triangle amoureux, dans lequel personne n'est jamais
véritablement satisfait. Pablo, un réalisateur de film d'auteur,
est en amour avec Juan, qui couche avec lui sans l'aimer vraiment.
Juan va donc le quitter et Pablo couchera avec de nombreux hommes
pour l'oublier. Un soir il rencontrera Antonio, un jeune homme sûr
de lui qui refusera d'abord ses avances, afin de se faire désirer
davantage, avant de céder. Au long du film, l'amour d'Antonio pour
Pablo va croître jusqu'à atteindre l'obsession, la folie. Sans
vouloir trop en dire, l'histoire aboutira en un meurtre et une
enquête policière. Pendant ce temps, la sœur transsexuelle de
Pablo, Tina élève sa nièce Ada. Elle rejette les hommes et la
sexualité en général tout en tentant d'obtenir un rôle au cinéma
qui pourrait redorer son image.
Ce qui est
intéressant, tout d'abord, c'est à quel point les personnages sont
prisonnier de leurs désirs au point d'en perdre de vue la réalité
en tant de la falsifier. Pablo n'accepte pas la lettre qu'il reçoit
de Juan, il va jusqu'à lui écrire une lettre en lui demandant de
signer son nom en dessous. Même dans leur rupture, il veut contrôler
les paroles de l'homme qu'il aime. Antonio, de son côté, confronte
toujours Pablo sur ses sentiments, prétextant savoir à quel point
il l'aime, ce qui serait bon pour lui, refusant lui aussi les lettres
que lui envoie son amant, ne les concevant pas bonnes. Antonio va
jusqu'à faire déchirer une lettre de son amant qui lui dit qu'il ne
l'aime pas. Le désir, dans ce film, aveugle les protagonistes,
orientant leurs actions, mais n’est jamais synchronisé. Ainsi
Antonio a un désir de posséder Pablo (jusqu'à vouloir posséder
tout ce qu'il a déjà possédé), Pablo a un désir charnel envers
Antonio, mais aime Juan au-delà de cette possession.
Tina voit la vie
d'une façon tout à fait différente. Elle refoule ses désirs et
semble complètement briser à ce niveau, n'ayant jamais d'autres
hommes que son père et le prêtre de l'Église de son enfance,
qu'elle aimait d'un amour « spirituel ». Par ailleurs,
elle semble paradoxalement avoir un grand désir de plaire, comme en
témoigne une scène où elle prend un énorme plaisir à être
arrosé par un jet d'eau. Ses réactions sont violentes face aux
remarques sur son manque de succès envers les hommes, bien qu'elle
s'accepte très bien comme transsexuelle. Un tour de passes passe
d'Almodovar est particulièrement réussi à ce niveau : c'est
une femme qui joue le rôle de Tina, alors que c'est une
transsexuelle qui joue le rôle de la mère d'Ada, démontrant ainsi
qu'il n'est parfois pas facile de différencier les gens qui ont
changé de sexe des autres. L'interprétation de Carmen Maura est
particulièrement réussie dans le rôle de Tina, d'ailleurs.
Le film est réussi
visuellement, tout en étant sexuellement explicite. La première
scène d'ailleurs nous montre un homme se déshabillant et se
masturbant en suivant les ordres d'un réalisateur. Vu la présence
importante du thème de la domination et de la possession dans cette
œuvre, il s'agit d'une ouverture en concordance avec la vision du
film. De façon globale le film est très bon, bien que j'aurai
préféré que le réalisateur développe un peu plus l'histoire de
Tina, qui est un personnage complexe qu'on ne voit pas à son plein
potentiel. J'ai bien aimé par ailleurs l'idée d'inclure une jeune
fille dans cette histoire, Ada est loin d'être troublée même si sa
mère l'a abandonné et qu'elle gravite autour de ces personnages
hauts en couleur. Le scénario est très fluide par ailleurs et de
nombreuses scènes sont touchantes, je pense, entre autres à la
violente dispute entre Tina et Pablo sur le fait d'exhiber sa vie
sentimentale au cinéma. La finale est réussie elle aussi. Le film
ne m'a par ailleurs pas autant marqué que « Matador » ou
« La piel que habito », qui traitent de sujets semblables
en étant plus troublant et violent.
Un gros 4.5/6
PS : La
citation est de :
http://en.wikipedia.org/wiki/Pedro_Almod%C3%B3var